Alors qu’en occident l’agilité est désormais plus utilisée que le cycle en V, en Asie cette approche reste encore très largement minoritaire. Ainsi, seul 20% des projets au Japon sont menés en agile. On peut alors se demander si ce manque d’engouement pour l’agilité est lié à des différences culturelles. Afin de limiter les généralisations grossières nous ne nous intéresserons pas à toute l’Asie mais à seulement deux pays : le Japon et la Chine.

Le Japon, le berceau de l’agilité ?

Le Japon est le berceau historique de nombreuses méthodes de gestion moderne tels que le LEAN, et le modèle Toyota. De plus, c’est au Japon qu’a été écrit « The new new product development game », un ouvrage de référence souvent crédité comme étant la source de l’agilité. Il semblerait donc que les Japonais aient quasiment inventé l’agilité, alors pourquoi cette approche reste encore marginale ?

Il se peut que l’extrême attachement des Japonais à la prédictibilité soit un obstacle de taille. En effet, dans une culture qui cherche toujours à prévoir et à se conformer au plan à tout prix, l’approche agile qui prône « l’adaptation au changement plus que le suivi d’un plan » risque de rencontrer une forte opposition.

Néanmoins, les Japonais cherchent en permanence à améliorer leur façon de faire afin de proposer les meilleurs produits possibles. Dans cette optique on peut donc s’attendre à ce que les freins culturels soient rapidement levés si l’adoption de nouvelles approches leur permet de d’obtenir de meilleurs résultats.  

La Chine, entre adaptabilité et autorité

Le principal obstacle culturel à l’adoption de l’agilité en Chine provient du rapport à la hiérarchie et à l’autorité. L’utilisation du commandement directif à tous les niveaux de la société tend à étouffer les prises d’initiatives et les échanges d’opinions. Ainsi la plupart des employés chinois ne cherchent jamais à remettre en question des directives et d’une façon générale ils tâchent d’éviter les conflits à tout prix. Cette attitude peut paraitre difficilement conciliable avec l’agilité qui prône les échanges ouverts et la confrontation des points de vue afin de trouver la meilleure solution possible.

Néanmoins l’adaptabilité fait également partie des piliers de la culture chinoise. Cela signifie que les chinois peuvent être à la fois flexibles sur les méthodes de travail mais aussi que l’adaptation au changement prônée par l’agilité fait déjà partie intégrante de leur culture.

L’agilité a-t-elle une chance de se développer en Asie ?

On constate que certains aspects de l’agilité peuvent rentrer en conflit avec des valeurs culturelles en Asie. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’en fonction des pays ce ne sont pas les mêmes aspects qui sont problématiques. De même certains piliers de l’agilité font partie intégrante de la culture. On en arrive donc à se demander si les différences culturelles sont vraiment le facteur bloquant. En effet, la mise en place de l’agilité est toujours délicate quel que soit le pays ou l’entreprise et nécessite toujours la prise en compte des spécificités culturelles. 

Un facteur peut être plus important est le manque de littérature traduite sur le sujet couplé à la faible pratique de l’anglais au Japon comme en Chine.

Pour autant cela signifie-t-il que l’agilité est vouée à rester une pratique marginale en Asie ? Probablement pas si l’on en croit le nombre croissant de congrès sur le sujet. De plus en plus d’entreprises et de professionnels commencent à s’intéresser à l’agilité et à l’implémenter. Nous devrions donc voir l’agilité se démocratiser dans ces pays dans les prochaines années. Il est même possible que comme pour les téléphones portables les pays asiatiques surpassent les pays occidentaux dans l’implémentation de l’agilité malgré une adoption plus tardive.

Auteur : Maylie Feyfant

Sources :

Scrum doesn’t work in China ?! – Bas Vode https://www.odde.com/material/2010/scrum_shanghai/culture.pdf

Questioning if Agile works in Asia – Savita Pahuja
https://www.infoq.com/news/2016/06/agile-asia/

What has happened and is happening in Japan’s Agile movement – Kenji Hiranabe
https://www.infoq.com/articles/japan-agile-whats-happening/

Would agile software development in any of its flavours become popular in Japan? – Quora
https://www.quora.com/Would-agile-software-development-in-any-of-its-flavours-become-popular-in-Japan

Le Japon est le berceau historique de nombreuses méthodes de gestion moderne tels que le LEAN, et le modèle Toyota. De plus, c’est au Japon qu’a été écrit « The new new product development game », un ouvrage de référence souvent crédité comme étant la source de l’agilité. Il semblerait donc que les Japonais aient quasiment inventé l’agilité, alors pourquoi cette approche reste encore marginale ?

Il se peut que l’extrême attachement des Japonais à la prédictibilité soit un obstacle de taille. En effet, dans une culture qui cherche toujours à prévoir et à se conformer au plan à tout prix, l’approche agile qui prône « l’adaptation au changement plus que le suivi d’un plan » risque de rencontrer une forte opposition.

Néanmoins, les Japonais cherchent en permanence à améliorer leur façon de faire afin de proposer les meilleurs produits possibles. Dans cette optique on peut donc s’attendre à ce que les freins culturels soient rapidement levés si l’adoption de nouvelles approches leur permet de d’obtenir de meilleurs résultats.  

On constate que certains aspects de l’agilité peuvent rentrer en conflit avec des valeurs culturelles en Asie. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’en fonction des pays ce ne sont pas les mêmes aspects qui sont problématiques. De même certains piliers de l’agilité font partie intégrante de la culture. On en arrive donc à se demander si les différences culturelles sont vraiment le facteur bloquant. En effet, la mise en place de l’agilité est toujours délicate quel que soit le pays ou l’entreprise et nécessite toujours la prise en compte des spécificités culturelles. 

Un facteur peut être plus important est le manque de littérature traduite sur le sujet couplé à la faible pratique de l’anglais au Japon comme en Chine.

Pour autant cela signifie-t-il que l’agilité est vouée à rester une pratique marginale en Asie ? Probablement pas si l’on en croit le nombre croissant de congrès sur le sujet. De plus en plus d’entreprises et de professionnels commencent à s’intéresser à l’agilité et à l’implémenter. Nous devrions donc voir l’agilité se démocratiser dans ces pays dans les prochaines années. Il est même possible que comme pour les téléphones portables les pays asiatiques surpassent les pays occidentaux dans l’implémentation de l’agilité malgré une adoption plus tardive.